Ecosomatiques

Politiser l’écologie depuis les gestes

Par Joanne Clavel, Chargée de recherche au CNRS, Université Paris Cité, dans le cadre de la première école d’été du centre d’exploration écosomatique de la forêt de Malvaux organisée par Eve Chariatte et Gregory Stauffer.

Conférence en français (English support) : Jeudi 22 août à 18h30 à la Bibliothèque du Centre d’art de Bienne, suivi d’un apéro à l’extérieur.

Les pratiques somatiques connaissent un essor croissant dans le monde des arts chorégraphiques. Que les danseurs et danseuses usent des somatiques à des fins purement techniques – d’amplitude et d’efficacité des gestes -, d’interprétation – de nuances qualitatives et expressives des gestes – ou encore pour le plaisir de se mettre en mouvement et de partager une pratique, tous et toutes veulent nourrir leurs gestes en s’affranchissant de pédagogies basées uniquement sur la reproduction d’une forme imposée. Le corps redevient « un laboratoire » d’expérimentation de la perception, de l’attention et de ce qui nous meut intérieurement telle une invitation au voyage. L’usage du terme « soma » marque une inventivité pour tordre le mot « corps » si souvent considéré comme anhistorique, substantiel et universel. Nous reviendrons sur cette histoire des somatiques à travers les figures de Moshe Feldenkrais, Bonnie B. Cohen et Anna Halprin ayant chacun.e développé leurs propres techniques somatiques.

Souvent fondées sur la construction de situations à explorer faisant de l’expérience subjective « un site de savoirs »  construits et éprouvés ; les pratiques somatiques peuvent aussi chercher à « défaire » les gestes, à « déconstruire » ou « déplacer » les habitudes. C’est dans cet interstice où gestes et milieux sont co-construits que je tenterai de politiser les gestes somatiques sous le feu des catastrophes écologiques et ainsi développer des pensées-pratiques écosomatiques.