Telling Tales
2 février 2014 – 6 avril 2014
Telling Tales
2.2.2014 – 6.4.2014
L’exposition Telling Tales réunit dix artistes et duos d’artistes des pays Baltes et de Suisse autour du thème de la narration issue à la fois de l’histoire collective et de récits personnels. Pour beaucoup d’artistes baltes, l’héritage de l’occupation soviétique, suivie par le communisme et finalement par l’indépendance constituent un sujet primordial. Plusieurs artistes présentés utilisent des photographies ou des séquences de film trouvées qu’ils considèrent comme des sources essentielles documentant les aspects de leur passé. Certains examinent les enjeux des libertés d’expression politique et artistique ou l’influence du contexte sur l’interprétation de phénomènes culturels. En revanche, les artistes suisses ne s’intéressent ni à leur passé national ni à leurs propres biographies. Leurs travaux évoquent plutôt l’esthétique d’époques révolues, analysent le rôle de l’archivage dans la construction d’une mémoire collective ou développent des fictions faisant référence à la construction de mythes.
A l’image de nombreux artistes baltes, certains des participants de Telling Tales [Raconter des histoires] explorent la turbulente histoire de leurs pays en adaptant et en s’appropriant du matériel documentaire : les deux artistes de Tallinn s’emparent ainsi du film et de la photographie pour questionner les conditions sociales et économiques qui définissent les femmes. Marge Monko se concentre sur la disparition de l’industrie textile en Estonie et sur ses conséquences pour le travail féminin, tandis que Liina Siib examine la manière dont la vie des femmes de l’ère post-soviétique est définie par les espaces qu’elles occupent, en privé comme en public. Pour sa part, Katrina Neiburga présente un portrait vidéo de la maison de la presse à Riga. Son travail est un récit poétique et documentaire autour d’un bâtiment abandonné qui fut jadis la centrale de communication de Lettonie. L’artiste lituanien Dainius Liškevičius se penche sur les formes de la liberté d’expression artistique et politique en citant dans sa vaste installation trois figures fondamentales du mouvement de révolte contre l’occupation soviétique dans son pays. Pour leur part, le Letton Paulis Liepa et la Lituanienne Eglé Karpaviciute narrent leurs histoires de façon plus indirecte. Les impressions sur papier de Liepa, représentant des chambres ou des objets du quotidien, soulignent la matérialité des choses tout en faisant délibérément référence à l’esthétique des années 1970. Ce procédé artistique que caractérise un travail manuel de longue haleine transparaît également dans les peintures de petit format de Karpaviciuté. Celles-ci citent les travaux d’artistes célèbres, non sans d’abord les sortir de leur contexte, questionnant ainsi leur accessibilité universelle.
En l’absence d’une histoire nationale comparable à celle récente des pays Baltes, les artistes suisses présentés dans l’exposition se concentrent sur la création de narrations fictives. Les installations de Petra Köhle / Nicolas Vermot Petit-Outhenin analysent l’importance de l’archivage dans la constitution de la mémoire collective. Le film montré dans le cadre de Telling Tales a pour point de départ une documentation datant de la Seconde Guerre mondiale sur d’importantes fresques murales et au plafond, mettant à jour les liens entre les développements techniques en photographie et le rôle de la propagande. Sandrine Pelletier combine une approche artisanale à un intérêt pour la culture populaire pour tisser des histoires subversives et mélancoliques. Les salons qu’elles créent rappellent à la fois des intérieurs coloniaux et le mouvement anglais Art & Crafts. Pour ses installations éclectiques, Laurent Kropf met à profit divers matériaux et multiplie les références, tout en s’inspirant des mythes et des rituels de notre héritage. L’espace qu’a créé l’artiste pour l’exposition est constitué de formes géométriques évocatrices d’un mystérieux convoi de chariots. Afin de parodier certaines coutumes, ambiances ou tournures linguistiques, Lutz & Guggisberg élaborent des mythes fictifs. Leur nouvelle installation, arrangée autour d’une sculpture dotée de qualités miraculeuses, occasionne une atmosphère méditative et «sacrée ».
Invité par Pro Helvetia Varsovie à prendre part au programme de coopération marquant la fermeture à la fin 2013 de l’antenne en Europe centrale et orientale, le Centre d’art CentrePasquArt s’est engagé dans une collaboration avec des artistes et institutions des pays Baltes. Telling Tales est le résultat de discussions et de voyages de recherche menés ces deux dernières années et réunissant des collaborateurs de Bienne, Riga, Tallinn et Vilnius. Après sa présentation au Centre d’art, l’exposition tournera pour être montrée en 2014 à la National Gallery of Art à Vilnius et au KUMU Art Museum à Tallinn. Les thématiques qu’explore Telling Tales seront en outre le sujet d’une conférence cet été au Latvian Center for Contemporary Art (LCCA) à Riga. Les opportunités d’échanges entre les artistes et les quatre institutions se sont avérées aussi importantes que les évènements du projet eux-mêmes.
Commissaire de l’exposition : Felicity Lunn, Directrice Centre d’art CentrePasquArt Bienne
Cette exposition est le fruit d’une collaboration entre : Centre d’art CentrePasquArt, Biel/Bienne ; National Gallery of Art, Vilnius (Lituanie) ; Latvian Center for Contemporary Art, Riga (Lettonie) ; KUMU Art Museum, Tallinn (Estonie). Elle fait partie du programme de coopération de Pro Helvetia Varsovie.
Avec le généreux soutien de