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Johannes Kahrs

9.9.2012-25.11.2012

 Johannes Kahrs (né en 1965 à Brême, vit et travaille à Berlin)  est l’un des protagonistes les plus importants de l’art contemporain allemand. Il manipule des images tirées de films, de la presse ou d’internet mais aussi ses propres photographies pour ainsi créer des peintures et des œuvres sur papier. L’un de ses thèmes de prédilection est le corps humain et il aime particulièrement se concentrer sur certaines parties spécifiques. Johannes Kahrs explore, dans sa peinture, tant les limites physiques que psychiques du « représentable ». On retrouve également une intense corporéité dans son traitement des natures mortes et des vues d’intérieurs, à la fois attirantes et repoussantes, transmettant tant une impression de beauté que d’horreur.

Après de nombreuses expositions solos et collectives en Europe et en Amérique, notamment au Kunstverein à Munich, au Museum Kunst Palast à Düsseldorf, au Centre Pompidou à Paris ou encore au Museum of Modern Art à San Francisco, Johannes Kahrs présente au CentrePasquArt sa première exposition monographique en Suisse. Kahrs photographie, dessine, travaille avec la vidéo, mais la peinture est son principal moyen d’expression. L’exposition présentée au CentrePasquArt vous proposera un ensemble d’images, datant toutes des dix dernières années.

Sur la base d’images trouvées ou de photographies faites par lui-même, Kahrs s’exprime à travers la peinture à l’huile mais aussi en dessinant au pastel et fusain sur du papier. Loin des tendances photoréalistes, il les traduit et les réinterprète à sa façon. À la recherche d’un sujet convaincant, l’artiste photocopie et modifie partiellement les photographies un grand nombre de fois. Bien que le spectateur ne soit pas dupé par l’utilisation de photographie, le cadrage choisi ainsi que l’utilisation ciblée de la lumière, les effets de torsion et de flou désagrègent les sujets jusqu’à ce qu’ils deviennent presque méconnaissables. De plus, par le transfert d’un médium à un autre, les images ne sont pas uniquement aliénées mais ont aussi pris une autre valeur. Alors que les motifs sont sortis de leur contexte original – leur histoire ne peut être qu’imaginée – les scènes impressionnent par leur présence, tout en restant mystérieuses et fantasmagoriques. De plus, le malaise qui provient de ces représentations est renforcé par les teintes sales et sombres qu’il utilise mais aussi par l’éclairage artificiel, parfois insondable. En effet, même si Kahrs peint souvent des scènes et des objets sombres, la lumière joue un rôle central dans sa peinture. Il choisit des matériaux dont la surface est particulièrement réfléchissante, tout comme les peintres flamands représentaient, dans leurs natures mortes, des vases en verre, des calices et divers insectes étincelants afin d’évoquer les phénomènes lumineux. Et si la source d’éclairage est difficile à trouver chez Kahrs, la perspective est encore plus déroutante et inquiétante. Prenons par exemple les petits objets – comme la trappe à souris dans Untitled (trap) (2012) – qui sont représentés par-dessous et qui transmettent une toute autre sensation de l’espace.

Bien que le choix du cadrage dans le processus de transformation de l’image de base soit d’une importance fondamentale, Kahrs souligne que les concepts académiques comme la composition ne l’intéressent pas : il ne veut pas donner l’impression qu’il contrôle l’image. En effet, il comprend l’action de peindre comme une recherche d’images, telle une sorte de réaction à des figures existantes. Cette réaction peut conduire à des résultats différents et se manifester, entre autres, par le fait que certaines scènes seront peintes plusieurs fois mais avec un point de vue légèrement différent.

Les motifs soigneusement choisis par Kahrs concernent des thèmes très larges. On retrouve des images du monde de la politique, du show-business ou de la publicité. Il n’a pas peur des extrêmes : sexe, drogue et violence sont traités sans tabou. Sa peinture est toujours psychologique – les images sont une rencontre à laquelle le spectateur participe, des moments merveilleux et des vues intimes, desquels se dégage souvent une certaine souffrance. S’il emploie une variété de thèmes, il sélectionne également un grand nombre de motifs. Toutefois, l’un de ses thèmes de prédilection est le corps humain. Inlassablement, il peint des gros plans de fragments de corps, partiellement maltraités, qui ne se laissent souvent identifier qu’au second regard. Kahrs est particulièrement intéressé par les mains et les pieds. Plus que d’autres parties du corps, les mains et les pieds racontent l’histoire d’une personne ; ils sont uniques et fascinants comme un visage et ceci en raison de leur diversité. Si le corps, ou plus précisément la corporéité, joue un grand rôle dans l’œuvre de Kahrs, cela ne signifie pas qu’il se limite à la représentation du corps. En effet, Johannes Kahrs qui a un intérêt connu pour la représentation des intérieurs, s’est aussi mis à peindre des natures mortes, comme des fleurs par exemple. Ces dernières détiennent, de par leurs formes et couleurs charnelles, des composantes physiques qui sont encore plus fortes que dans les peintures représentant bel et bien des parties du corps. Bien que les motifs de Kahrs suppriment prétendument la réalité, il est toujours question de la puissance de l’illusion, de la limite entre réalité et fiction. Finalement, quand il peint des scènes sanglantes qui semblent véritablement choquantes, il dupe le spectateur et ce dernier en est totalement conscient : en réalité, cette image provient d’un film, le sang n’est que du ketchup et les parties du corps décomposés appartiennent à une Pietà de marbre vert.

Commissaire de l’exposition : Felicity Lunn, Directrice du CentrePasquArt Bienne

Publication : Un catalogue richement illustré avec un essai rédigé par Ulrich Loock (dt/eng/fra) est publié pour l’exposition.

Johannes Kahrs, Ausstellungsansichten / vues d’exposition / exhibition views Kunsthaus Centre d’art Pasquart 2012
Fotos / Photos: P.Christe