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KUDZANAI-VIOLET HWAMI

10.4.-12.6.2022

Dans ses peintures, Kudzanai-Violet Hwami (*1993, Zimbabwe) combine des fragments visuels et dévoile une vision complexe et personnelle de la vie en Afrique australe. Elle travaille avec des photographies et des collages d’images numériques qu’elle utilise pour créer des œuvres de grand format sur papier ou sur toile avec de la peinture à l’huile intensément pigmentée et en employant souvent d’autres médias et techniques comme la sérigraphie, le pastel ou le fusain. Son inspiration provient d’une multitude de sources: des images trouvées dans les archives ou sur le web, des nus, mais aussi des photographies personnelles, telles que des autoportraits ou des photos de sa famille.

À l’aide de ses souvenirs, Kudzanai-Violet Hwami revisite des lieux qu’elle a connus enfant dans le Zimbabwe postcolonial. Elle crée à partir de ceux-ci un univers parallèle qui gravite autour d’un récit futuriste sur ce pays. Dans son travail, l’artiste joue avec l’idée d’une utopie africaine dans laquelle il n’y a pas d’espace, pas de lieu et pas de frontières, tout en faisant référence à des cultures et des traditions bien établies. De nombreuses images dans ses œuvres sont influencées par la popularité croissante de genres sous-culturels tels que la culture afro-punk et grunge au Kenya et en Afrique du Sud. D’autres influences littéraires et musicales (comme le ZimHeavy et l’Afrobeat), ainsi que son propre parcours introspectif, forment également des sources importantes. L’inclusion d’images trouvées au hasard sur les réseaux sociaux constitue un autre point de départ, invitant au libre jeu de l’imagination, même si le matériel autobiographique reste une source de référence.

Les thèmes qui se fondent sur son expérience de la dislocation géographique et du questionnement identitaire dans ses autoportraits et images de famille, illustrent le corps noir ainsi que sa représentation et tissent un fil rouge à travers son œuvre. Son travail peut être considéré comme autobiographique, car il est influencé par les différentes étapes de sa vie passées au Zimbabwe, en Afrique du Sud et en Angleterre et est étroitement lié à sa tentative de comprendre son identité zimbabwéenne au sein de la diaspora africaine. Elle utilise des photos de famille des années 1970 qu’elle traite sous forme de collages numériques et qu’elle peint ensuite sur toile. Dans ses portraits de famille, la figure protectrice de la mère occupe une place centrale, comme le montrent les œuvres Family Portrait (2021) et Lotus (2018). Son père apparaît dans Father in Pin Light (2017), son frère et sa sœur, tous deux jumeaux, dans Epilogue (Returning to the Garden) (2016). Sur un fond coloré, les deux enfants sont allongés sur le côté en position fœtale et se regardent. Une grande douceur se dégage de cette scène où les corps semblent en suspension et protégés dans un espace intra-utérin, dans une communication tactile silencieuse. Leur peau est partiellement recouverte de vernix caseosa, une couche cireuse protégeant les nouveau-nés. Le titre, qui suggère un retour aux jours de l’innocence tout en faisant référence à un point culminant (l’épilogue), exprime un espoir pour la génération future, incarnée par les jumeaux.

Nous rencontrons des corps fiers, aussi bien nus qu’habillés, à travers lesquels les identités noires et queer se croisent, comme dans You are killing my spirit (2021), Expiation (2021) ou Innnspirit-ed (2021). Nous observons souvent des nus masculins castrés comme dans Jonga 1 et 2 (2021), ou dans Trauma Pond 2 (2022), que l’artiste utilise à la façon d’une sorte de projection de son corps au-delà de l’attribution de genre, afin de mettre en avant la capacité transformatrice des corps. L’intérêt de Hwami pour la corporalité et pour les nus puissants s’est développé lors de sa formation à Wimbledon, où elle a étudié la peinture de champ de couleur et a introduit dans sa pratique des dessins illustratifs de nus et des portraits issus de la pornographie. Les fonds des toiles, peints dans des tons jaunes, bleus et verts vifs, rappellent les images éditoriales qui circulaient sur Tumblr dans les années 2010, montrant des mannequins à la peau foncée devant des couleurs vives. Cette attraction visuelle pour les représentations, mais aussi la conscience du rôle mineur joué par les corps noirs dans la peinture occidentale et les enjeux de leur représentation, l’ont amenée à adopter une attitude de peintre qui revendique son individualité. À cette époque, la question de l’autodétermination se posait de plus en plus sur les réseaux sociaux. Avec le hashtag populaire #blackout, de nombreux utilisateur·trice·s noir·e·s ont partagé et inondé des sites internet d’images et représentations de soi. Souvent, ses compositions superposées en collage libèrent la figure des significations prescrites de leur contexte d’origine pour créer de nouveaux récits. L’artiste s’intéresse à la création d’une perspective alternative du corps zimbabwéen. Le corps noir joue en général le rôle le plus important dans ses peintures et lui sert de vecteur pour exprimer des thèmes tels que la sexualité, le genre, la spiritualité, la mémoire et l’enfance.

Curatrices de l’exposition

Stefanie Gschwend, directrice ad interim Centre d’art Pasquart et Felicity Lunn

Publication accompagnant l’exposition

Une publication monographique accompagnant l’exposition avec de nombreuses vues d’exposition et des textes d’Osei Bonsu et Stefanie Gschwend paraîtra aux éditions Verlag für moderne Kunst (DT / FR / ENG).

Visites guidées

Je 21.4.2022, 18:00   (fr)    Laura Weber, historienne de l’art

Je 19.5.2022, 18:00   (dt)   Stefanie Gschwend, directrice ad interim

Art à midi – À table avec l’équipe du Centre d’art

Ve 13.5.2022, 12:15 (dt/fr)    Courte visite avec collation de Batavia, CHF 15.-, sans collation entrée normale, inscription: info@pasquart.ch

Entretien avec l’artiste

Di 12.6.2022, 14:00   (eng) Kudzanai-Violet Hwami s’entretient avec Stefanie Gschwend.

Kudzanai-Violet Hwami, Expiation, 2021, huile, acrylique, stick de peinture à l’huile et sérigraphie sur toile, 127.5 x 119.5 cm; © Kudzanai-Violet Hwami. Courtesy the artist and Victoria Miro

Avec l’aimable soutien du legs de Mme M. Mottier-Lovis et de VICTORIA MIRO

Kudzanai-Violet Hwami, Ausstellungsansichten / vues d’exposition / exhibition views Kunsthaus Centre d’art Pasquart, Courtesy the artist and Victoria Miro; Fotos / photos: Stefan Rohner