Viviane Sassen (*1972, NL) a été saluée par la critique à la fois en tant que photographe de mode et dans le contexte de l’art visuel contemporain. L’exposition du Centre d’art CentrePasquArt se concentre sur un ensemble d’œuvres que Sassen a réalisé en 2013 à Pikin Slee au Suriname. Isolée du reste du monde, la communauté Saramacca vit sans eau courante ni électricité, routes ou connexion Internet. A la recherche d’un nouveau langage visuel, Viviane Sassen voyagea en 2012 pour la première fois au sein de la civilisation du village presque totalement isolé de Pikin Slee, en amont du fleuve Suriname, au milieu de la forêt tropicale de la République sud-américaine du Suriname. Le village est accessible uniquement par voie fluviale au terme d’un voyage de trois heures en canoë. Les villageois vivent encore aujourd’hui, comme leurs ancêtres, en parfaite harmonie avec la nature. Producteurs autosuffisants, ils cultivent de petites parcelles agricoles et produisent du pain au manioc, de l’huile de palme de maripa ainsi que de la noix de coco séchée.

Profondément impressionnée par le mode de vie simple des presque 4’000 habitants qui appartiennent majoritairement à l’ethnie des Saramacca, descendante des esclaves provenant d’Afrique de l’Ouest, la photographe néerlandaise entreprit un second voyage au même endroit en 2013. Son œil artistique a été saisi par la beauté débordante de la nature, la vie quotidienne traditionnelle dans laquelle seuls quelques objets mondains tels qu’un seau en plastique, un couteau de cuisine ou des gants de nettoyage se sont introduits.

Prises principalement en noir et blanc, les photographies analogues de petit format constituent une série de compositions abstraites et de motifs volatiles. A la fois rigoureusement composées et interprétées de manière poétique, elles explorent la splendeur de la vie quotidienne et les qualités sculpturales de l’ordinaire. Vivianne Sassen a saisi les beautés simples qui résultent en une interaction entre les objets du quotidien apparemment banals au milieu d’une nature subjuguante.

Bien que l’environnement crie pour ainsi dire à l’exotisme  ̶  et qui plus est, photographié par une photographe européenne  ̶  Viviane Sassen le rejette très clairement et, en revanche, transmet une sensibilité pour le mystère. Ses images soulèvent plus de questions qu’elles ne donnent de réponses. Sassen met l’accent sur les contrastes, les formes et les couleurs qu’elle aperçoit autour d’elle et qu’elle capture dans une nouvelle lumière. Ainsi, ce n’est pas le visage mais le gant de nettoyage en caoutchouc d’un jaune éclatant qui est mis en avant dans le portrait d’un jeune homme, contrastant ainsi avec sa couleur de peau foncée et son pantalon bleu indigo.

Viviane Sassen a passé sa jeune enfance avec sa famille au Kenya où son père travaillait en tant que médecin. « Mes souvenirs de l’Afrique ont toujours joué un rôle majeur dans ma vie et mon travail. Je pense que c’est parce qu’ils occupaient ma toute première pensée. C’est dans ma colonne vertébrale, mon plan pour ainsi dire… Quand je suis revenue du Kenya, ma vie là-bas était tout ce que je connaissais et la Hollande me paraissait étrange et nouvelle… Maintenant que j’ai tellement voyagé en Afrique ces douze dernières années, mes idées à propos du continent et de ma relation avec lui ont bien évidemment changé. Mais c’est un voyage permanent, à la fois dans le monde intérieur et le monde extérieur. Mon travail est un reflet de ce voyage. »

Ces années l’ont marquée de manière déterminante et elle s’est forgée deux identités liées à Pikin Slee appartenant aussi à son histoire personnelle, à savoir sa liaison commune avec l’Afrique et les Pays-Bas. « Comme c’est étrange d’être capable de parler hollandais au milieu de la jungle sud-américaine avec des personnes d’origine africaine ! » s’étonne-t-elle.

Viviane Sassen a étudié le design de la mode, puis la photographie à la Haute École des Arts d’Utrecht (HKU) et aux Ateliers Arnhem. Elle a fait partie de la principale exposition de la 55^e Biennale de Venise, en 2013. Une rétrospective de 17 ans de son travail dans la mode a été ouverte au Musée de la Photographie Huis Marseille à Amsterdam en 2012, accompagné d’un livre publié par Prestel (Munich). En 2014-15, l’exposition de ses photographies de mode In and Out of Fashion a été montrée au Musée pour la photographie de Winterthour. En 2007, elle a obtenu le Prix des Arts hollandais ainsi que le Prix de Rome, puis a remporté l’Infinity Award for Applied/Fashion/Advertising Photography du Centre international de la photographie à New-York. Cette année, elle a été nominée pour le prestigieux Deutsche Börse Photography Prize.

L’exposition est présentée dans le cadre du programme ICA Touring, en collaboration avec The Institute of Contemporary Arts, Londres.

Avec l’aimable soutien de l’Ambassade des Pays-Bas.

The Netherlands. Creative. Innovative.

Commissaire de l’exposition : Felicity Lunn, directrice Centre d’art CentrePasquArt Bienne

Visites guidées :